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VIVANTE !

Mise-en-scène : Julien Pillot

Texte et jeu : Anne Louise de Ségogne

Création lumière : Solange Dinand – Régie : Jérémy Pichereau

Création costumes : Chantal Rousseau – Assistante : Adeline Léognany

Création décors : Mr Patate productions

Le premier jour, une femme. Seule. Elle attend. Elle attend qui ? Dieu seul le sait, qui lui répond avec la Genèse. Elle est là pour être « une aide qui soit assortie à l’homme». Mais elle ne se voyait pas comme un assortiment, elle aurait préféré être une personne.

Elle a des grands désirs, elle voudrait qu’on lui dise de la poésie, du Paul Eluard. Cette poésie lui donne sa première jouissance, son premier émoi. Elle se met à nu. Mais ce n’est pas la conduite qu’on attend d’elle. C’est son premier péché. Elle a gouté au fruit défendu, est-elle encore à sa place ici ?

Quel est le projet qu’on a pour elle ? Elle n’est pas sûre d’avoir envie d’entrer dans un projet qu’elle n’a pas choisi.

Elle est seule. Trop petite, trop maigre. Elle se sent grosse de désirs, de puissance poétique.

Elle va descendre dans le ventre du monde, dans les gargouillis de la grande gamelle pour être moins seule, pour voir si quelqu’un sait comment être une femme.

De son petit corps chétif surgissent des tas de gens, de grands textes, des imprécations, des plaidoiries. Elle est sorcière, magistrat, Camille, Cyrano. Petit à petit, elle sort de sa chrysalide, s’affranchit des lois des origines, des conventions sociales, pour être une mère érotique, une femme libre.

Notes de mise-en-scène

Au départ il y a un texte.

Toujours.

Des mots « Moi ça crie au-dedans, pis on est plein dans ma tête alors des fois ça sort pis ça gueule et ça dégueule… »

Un flot de mots, de maux.

Au départ il faut les comprendre, au sens étymologique du terme : les prendre avec soi. Pour les porter ensemble, se questionner ensemble sur ce qu’ils racontent.

Entrer en théâtre c’est se mettre au service. Au service d’un texte. Au service d’un propos, d’une idée, d’une artiste. Au service d’un public.

D’”artiste obstétricien’’ dans une première étape de travail sur l’écriture, je suis devenu metteur-en-scène, second parent de ce texte, contribuant à le faire exister, le faire grandir, le rendre vivant, touchant, drôle, et beau, travaillant à ce que le plateau et ses moyens (espace, lumière, scénographie) agissent comme un révélateur, au sens photographique du terme, pour elle puis pour nous, spectateurs.

Alors, de quoi ça parle ?

D’une foule de choses.

Je m’attache à la narration, à ce parcours d’une femme qui devant nous rejoue la création, rejoue la scène du péché originel dans un jardin d’Eden lui aussi évoqué. Ce parcours d’une femme qui aimerait se définir comme une personne à part entière et pas seulement comme un assortiment. Le parcours d’une femme qui aimerait trouver sa place et son désir, qui aimerait retrouver une parole pleine, forte, vivante. Alors bien sûr, elle va connaître des effondrements, mais elle est combattive, jamais tout à fait aplatie. À coup de textes littéraires elle avance et nous offre un regard décalé, pétillant, et déconnant sur le désir, la maternité, la parentalité, et la religion. Et la dépression puisque « Ma vie est réussie. C’est une catastrophe. J’ai plus le droit de me plaindre ! » écrit-elle.

Tout cela dans et par le corps. Ce corps trop petit, trop étroit pour rendre compte du déploiement intérieur, de la force des sentiments qui y brûlent. Ce corps est le vecteur de la parole, ce corps doit danser, transpirer, vibrer.

En suivant le fil de cette narration, rendre palpable par la mise-en-scène la pulsion de vie qui s’en dégage. L’humour aussi. J’ai à coeur de faire se combiner ici les deux masques du théâtre, celui du rire et celui des pleurs. Je tiens à ce que les deux faces de ce texte soient lisibles et visibles.

Qu’on puisse à la fois rire et pleurer, sans plus bien savoir ce qu’il en est.

Au fil des scènes, au fil de ces ébats et de ces débats où elle s’ébat, tout au long de ce parcours, c’est une parole de femme ancrée au présent que nous voyons se mouvoir devant nous, une parole drôle, pleine.

Une parole vivante.

Julien Pillot, metteur-en-scène

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